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 Lève tes fesses!

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Golden
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Golden


Messages : 295
Date d'inscription : 26/07/2010

Lève tes fesses! Empty
MessageSujet: Lève tes fesses!   Lève tes fesses! EmptyMar 16 Aoû - 22:12

«Lève tes fesses et viens faire la vaisselle, April!»

Je ronchonne aussitôt. Qui a envie de faire la vaisselle une dernière fois avant de partir de la maison pour entreprendre son propre voyage de dresseur Pokémon? Franchement, il devrait y avoir une loi là-dessus. Mais ma soeur a raison même si son ordre (qu'elle répète chaque cinq minutes depuis une demi-heure) me déplaît. Je dois faire ma part avant de quitter la maison. Déjà que je ne fais pas une fraction que tout ce qu'elle fait: le lavage, le ménage, la cuisine, le rapiéçage... en plus de son travail à temps plein comme garde-côtière et forestière de Chocovine Town. Carla travaille jour et nuit, sans répit, dormant par à-coup quand le sommeil se montre plus fort qu'elle. Elle se donne une mission impossible de protéger à tout prix la réserve de Chocovine et tous ses habitants... Mais plus particulièrement les Phione. Ces Pokémon rares sont la grande fierté de la ville et ses administrateurs paient un bon paquet ma soeur pour qu'elle s'occupe de leur sûreté. Avec tant de trucs à faire et si peu d'aide... Normal qu'elle soit si désagréable. C'est triste que ce ne soit que maintenant que je le réalise.

Depuis quelques semaines, elle est encore plus tendue et exécrable qu'à l'habitude. Elle se montre intraitable avec moi, méchante même. Je sais qu'elle m'en veut parce que je vais partir. Parce que cette petite cabane perdue dans la réserve me rend malade. Parce que je ne peux plus la supporter, autant que je l'aime. Je ne peux plus supporter sa peine qu'elle cache si bien et qui transparaît dans toutes les pores de sa peau. Je n'en peux plus. Dexter et moi, nous partirons demain matin, et ce pour de bon. Ces derniers temps, je disparais souvent. Je vais me perdre en forêt, parfois je passe une nuit ou deux en ville ou me rend même à Snowpoint parfois. Ça rend Carla folle car je ne lui dis jamais quand je pars, ni quand je reviens. Cette fois je l'ai fait par contre. Elle sait qu'elle ne pourra pas changer mon avis.

Je me rends donc, à contre-coeur, à la rencontre du lavabo. S'il y a une tâche que je déteste par-dessus tout, c'est bien de faire la vaisselle. Mais je sers les dents et le fait quand même. Ma mauvaise humeur doit se faire sentir, car Carla fronce rapidement un sourcil.

«Arrête de faire le bébé et de traîner tes pieds. Je sais que tu n'aimes pas ça, alors arrête.»

Je soupire de cette façon qu'elle déteste et je sens qu'elle a envie de me cracher son venim encore une fois. Parfois, j'ai vraiment peur de la voir se transformer en un Seviper. Elle secoue sa tête blonde avec une moue désapprobatrice. Elle se met alors à se plaindre de ma vitesse, de mes mouvements empreints de paresse, de mes assiettes mal lavées... Je sens ma colère qui monte. Respirant avec force, je pose la dernière assiette sur le comptoir pour qu'elle le sèche et quitte la cuisine avec une démarche qui laisse très bien voir mon état d'âme. Arrivée dans le corridor, j'entends déjà la voix de ma soeur de l'autre pièce, mais je l'ignore, fonçant dans ma chambre. Je claque violemment la porte derrière moi et me lance sur le lit. Mes mains tremblent de colère, mais je sais que ce n'est pas seulement à cause de la vaisselle et des commentaires de Carla. Ma frustration vient de beaucoup plus profondément, et elle le sait.

Les minutes, puis les heures passent. Je reste dans ma chambre, les poings serrés, ma musique sur les oreilles. Étendue sur mon lit à regarder le plafond, je n'ose laisser sortir Dexter de sa Pokéball, même si sa présence calmerait mon trouble. Je ne veux pas qu'il me voit comme ça. Alors je serre les dents. Puis, au bout de plusieurs heures qui se sont écoulées comme une pognée de secondes, j'entend des coups à ma porte, malgré mes écouteurs bien plantés dans mes oreilles. J'en retire un et scande d'un voix forte:

«Va te faire foutre Carla!»

Carla tape encore.

«Laisse-moi entrer ou je défonce ta porte avant de t'arracher tous les cheveux un à un,» menace-t-elle.

Je le sais sérieuse. Je lui dis d'entrer et c'est ce qu'elle fait. Mais elle a changé depuis tout à l'heure. Ses yeux verts comme les miens n'ont plus leur dureté de tout à l'heure. Ils sont rougis, secs. Elle est toute pâle et elle s'avance d'un pas hésitant. Ce n'est pas comme elle. Carla n'a peur de rien, n'hésite devant rien ni personne. Je ne la reconnais pas. La voyant ainsi, ma colère font comme de la neige soufflée par un Flamethrower. Elle s’assoit sur le lit, les épaules fléchies, sans vie. Elle a l'air soudainement si jeune, si fragile, et je me souviens qu'elle n'a que vingt et un ans. Je suis prise d'un élan d'affection si puissant que j'ai envie de la serrer dans mes bras.

«Je t'aime, April,» dit-elle alors.

Mes yeux se mouillent en entendant ces mots. Je sens mon coeur qui s'emballe et mes mains se remettre à trembler. Elle ne m'a pas dit cela depuis si longtemps. Peut-être même depuis que papa est mort. Je croyais que tout l'amour en elle l'avait quitté depuis ce jour-là, mis à part avec son copain Alan. Ses mots viennent m'en dissuader. Ils sont d'une sincérité si bouleversante que je reste figée, la gorge serrée. Nos regards se croisent et nos yeux se disent la même chose. Doucement, nos corps se rapprochent de l'autre et ses bras m'accueillent ou me cueillent... Je me retrouve contre son épaule, si forte, si agréable. Je sens l'odeur de ses cheveux - un doux parfum de fraises. Cet odeur me rappelle mon enfance, me rappelle comment c'est d'avoir une soeur. Je me souviens comment c'était quand Carla me protégeait des brutes de la petite école. Quand elle m'aidait à faire mes devoirs. Quand elle a capturé Dexter, le Poochyena sauvage, juste pour moi, il y a deux ans, quand papa se mourrait. Elle a toujours veillé sur moi, même dans les temps les plus difficiles. Je réalise que j'ai pensé des choses horribles, j'ai même cru qu'elle ne le faisait plus. Mais Carla n'a jamais cessé de me protéger. Elle m'a éloignée de Rustboro après la mort de père pour m'aider à faire le deuil. Elle n'a jamais laissé sa tristesse transparaître. Elle m'a toujours laissé partir. Elle a pris ce job pour que nous soyons en sécurité toutes les deux. Ces idées me traversent la tête si vite que le flot d'émotions me fait chahuter. Les larmes se mettent à couler sur mes joues comme deux petites rivières.
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