event dorian

Ma carte du campus en mains, je trouvai le gymnase sans trop de difficulté, ce qui était bien une première. Mon sens de l’orientation n’était pas des plus développé, sans toutefois être horrible. Mais en cette journée ensoleillée, mon orientation spatiale avait semblé faire énormément de progrès… du moins pour cette fois-ci. Il faut dire que je m’y étais pris bien à l’avance en étudiant le plan minutieusement en me levant ce matin-là. C’était la cérémonie d’ouverture dans ma nouvelle école, je ne pouvais donc pas me permettre de la rater. Moi qui me sentais tellement perdu en ces lieux, si en plus je ne faisais aucun effort pour m’en sortir, alors il valait mieux directement abandonner.

Les gradins étaient déjà bien garnis lorsque je fis mon entrée. Moi qui m’attendais à avoir une place de choix, c’était raté… Je me dénichai toutefois une bonne place à l’avant. Fier de ma trouvaille, je posai mes fesses sur le banc et me tournai vers mon voisin, qui me dévisagea aussitôt. Je l’observai un instant avant de comprendre la situation. Quel imbécile! Avec toute mon excitation, je n’avais même pas réalisé que les gradins étaient divisés selon les maisons! En fait, j’en avais presque même oublié ce système… Je me relevai aussitôt honteusement en m’excusant. Je soupirai un instant, puis je me mis à observer la salle avec attention. Où se trouvait mon gradin? J’observai mon insigne pour ensuite la rechercher dans le décor. Décidément, même si j’avais étudié le plan, je n’étais pas vraiment plus avancé.

Finalement, un gradin peuplé de ____________ me sauta aux yeux. Comment avais-je pu le rater? Je me pressai pour me trouver une place au moment où le discourt commençait. Je me frayai un passage du mieux que je pouvais pour enfin trouver un espace vide assez large pour me poser. Prêt à tout pour m’intégrer, je sortis une petite feuille blanche et un crayon avec l’intention de prendre des notes. J’écoutais avec attention ce que disais le directeur, même si je ne comprenais pas tout. Sans comprendre ce qui se passait, je sentais une tension dans l’air. Il fut même question d’explosions dans le discourt… Tout cela m’étourdissait un peu. Pour me calmer un peu, je me mis à dessiner la scène. Tant pis pour les renseignements! Avec de petits mouvements de poignets pour éviter de donner des coups de coudes à mes voisins, je reproduisais la scène assez conformément. En me concentrant sur mon croquis, j’avais perdu toute attention pour le directeur. Ses paroles rentraient par une oreille et ressortait par l’autre.

Je fus toutefois sorti de mon petit monde assez rapidement. Des cris, de la fumée, puis du noir, du blanc, du rouge… Un sifflement horrible me bourdonnait dans les oreilles. Je me relevai péniblement. Qu’est-ce qui s’était passé? Tout à coup, je me mis à sentir une douleur aigue du côté gauche de ma tête. En portant la main à la source de la douleur, je pu sentir une substance mouillé… Du sang. Étourdis, je jetai des regards affolés autour de moi, cherchant de l’aide. C’est alors que je compris que je n’étais pas le seul dans cette situation. Toute l’horreur qui défilait devant mes yeux… Moi qui paniquais à cause d’une petite coupure mineure en haut de l’oreille… Je criais à l’aide, mais j’apercevais des élèves démembrés, défigurés, ou même tués. J’avais peine à croire que tout ceci arrivait dans une école aussi réputée qu’Alcea…

Avec difficulté, je me relevai. J’avançais, chancelant, vers la sortie la plus proche. J’étais terrorisé. Des corps gisaient sur le sol. Mon regard se promenait sur le plancher. Je pouvais apercevoir des élèves me demander du secourt. Arrêtez… Vous savez bien que je vous aiderais si je le pouvais… Mais en ce moment, je tenais à vivre. Je savais bien que si je m’arrêtais pour secourir ces pauvres gens, j’allais me retrouver à leurs côtés, à me vider de mon sang sur un plancher déjà tout rouge. Je ne savais pas ce qui avait causé cette explosion, mais je n’avais pas vraiment envi de le découvrir. Partir, c’était le seul mot qui apparaissait dans mon crâne ensanglanté. Je voulais m’en aller, je voulais vivre. Je n’avais pas fait tout ce chemin, je n’avais pas quitté ma famille, juste pour mourir bêtement sous des débris. Non, c’était impensable. Non seulement j’allais survivre, mais j’allais sortir ceux qui m’avait prié de les aider! Si je ne voulais pas mourir, eux aussi devaient tenir à la vie!

D’un pas déterminé, je rebroussai chemin pour me diriger vers deux corps bisés. Je ne les connaissais pas, mais peu importait en ce moment qui ils étaient. Une poussé d’adrénaline me donna la force nécessaire pour les soulever tous les deux et sprinter jusqu’à la sortie. Je continuai à avancer jusqu’à ce que l’herbe humide puisse toucher mes chaussures. Et alors, même si je tentai de continuer pour nous mettre à l’abri, mes jambes me lâchèrent, et, comme un pantin, mon corps s’écrasa sur le sol.