Chapitre 1

Admin Messages : 295 Date d'inscription : 26/07/2010

CHAPITRE 1

Je passe cette porte comme dans un rêve. Le pied léger, la tête vide. Mes membres, eux, me trahissent. Tremblants d'une émotion qui se répercute dans ma chair et mes os. Mon coeur s'active dans ma poitrine, me préparant au marathon de ma vie. Mais je ne vais pas courir. Je prends tout mon temps pour savourer ce moment, ce moment tant attendu. Combien de fois ai-je ressassé la réalisation de ce jour solennel dans mon esprit coupable? Combien de fois ces visions diurnes m'ont-elles fait souffrir? Je ne laisse pas mon passé alourdir mes épaules pointées vers le ciel. J'ai tant à penser. Tant à oublier. Maman. Mareeka. Papa. Je les laisse derrière moi, dans cette maison aux volets brisés par le vent. Le sac sur l'épaule, le chien dans les pattes qui aboient à s'en fendre l'âme, je ne me retourne qu'un moment pour adresser un pâle sourire à mon père qui m'observe de cette porte toujours ouverte sur tout ce que j'abandonne dans mon sillage. Son regard d'un bleu sombre qui ondule comme les vagues me scrute avec une fierté que je ne comprends pas. Pas encore. Je prends le temps de garder cette image en moi, pour y repenser plus tard. Je dois à présent me retourner, et espérer ne pas revenir de sitôt.

Au-dessus de ma tête, les Wingull prononcent mon nom dans la brume. Un chant triste et sourd. Leurs ailes blanches pendent sous leurs corps, comme pour éviter le ciel lui-même. Le ciel. Un amas sombre de nuages promettant la mort. Je le dévisage, ce vieil ennemi. Celui commande les vagues, celui qui renverse les bateaux et noie les meilleurs nageurs. Ses amis les nuages qui toujours, depuis deux ans, l'accompagnent, éclipsant le soleil. Un grondement de tonnerre attire mon attention, au Nord. L'orage est sur le continent. Je n'ai rien à craindre pour le moment. Je resserre le pan de mon manteau, sentant le poids de la solitude me peser à chaque pas. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'elle viendrait si tôt. De ma vie, je l'ai toujours eu, lui. Mon père. Il ne m'a pas seulement nourri et aimé. C'est aussi mon guide, mon exemple. Ce sourire de fierté... J'y repense toujours en m'avançant sur les planches des quais. Les vagues roulent sous le bois. Calmes, comparé à ce que nous avons eu la dernière semaine. Le voyage devrait se faire sans encombre. Dewford et Littleroot ne sont pas très loin l'une de l'autre après tout. J'embarque avec confiance dans le navire. Ce genre de bateau solide, que la mer ne réussira jamais à avaler. Je connais bien le capitaine pour l'avoir croisé plusieurs fois sur les quais. En même temps... qui ne connais-je pas sur cette satanée d'île?

«Hey fiston! C'est le grand jour, n'est-ce pas?»

Je pose une main sur son épaule. Sa présence me rassure. Les hommes d'ici sont si forts, rien ne les ébranle. Au fond, je suis comme lui. J'emporte avec moi une part de sa force. Je lui souris sans répondre. Il comprend par mon mutisme que je n'ai pas encore totalement offert mes adieux à Dewford. Il sait comme moi qu'on ne quitte pas cet endroit facilement. Il m'accompagne à l'intérieur, où les autres passagers se reposent. La traversée ne devrait pas prendre plus qu'une heure. Je m'installe sur un banc, avant de retirer mon lecteur MP3 de ma poche. Une fois ma musique dans mes oreilles, je peux enfin me détendre. Le roulement des vagues produit son effet sur moi et je m'endors avant même que le navire ne quitte le port.

Ce sourire revient me hanter dans mes songes. Je m'éveille en sursaut, comme pris par un doute. Papa. Il est seul, à présent. Ne l'ai-je pas abandonné? Je me tords les mains, cherchant à tâtons cet écouteur qui s'est échappé de mon oreille. Je le retrouve, habité de culpabilité. Ce sourire... un message. À mesure que mon esprit se réveille, je commence à en saisir le sens. Un encouragement silencieux. Mon père a toujours voulu que je suives ses traces et aujourd'hui, je prouve que je ne renoncerai jamais à notre rêve. Mon rêve. Devenir le meilleur dresseur de type Combat que Hoenn ai porté. Dans un mouvement fébrile, je retire mon porte-feuille de ma poche de pantalon pour jeter un coup d'oeil à la photo qui y est dissimulée. Un jeune homme heureux tient son fils, de cinq ou six ans, sur ses épaules. Les deux sourient, hilares. Une photo qui respire le bonheur. Je fus ce jeune garçon une fois. Et cet homme fut mon père. En observant la photographie de plus près, je remarque une similitude étonnante entre le regard du jeune père et celui qu'il m'a lancé tout à l'heure. Était-il donc heureux?

[justify]Je sens mes lèvres s'étirer. L'excitation me gagner. Plus rien ne me retient là-bas désormais. Merci, papa. Ce regard aura été le meilleur cadeau qu'il aurait pu m'offrir. Je pose les pieds dans la ville de Littleroot sans le moindre regret. Je n'ai qu'un objectif en tête: rencontrer le professeur. Je n'ai pas mis les pieds dans cette ville depuis des années et pourtant, je retrouve le Laboratoire sans trop de difficulté. Mes pas se font plus rapides. Une légère pluie s'est mise à tomber, vestige, probablement, de l'orage un peu plus tôt. Les portes automatiques me laissent entrer dans un Hall qui fut autrefois immaculé. La crise est passée par ici. Sur le visage du professeur aussi. Celui-ci est appuyé sur le comptoir et discute avec la jolie secrétaire. En entendant le vacarme de mes bottes bien cirées sur les dalles, il se retourne. Son sourire s'étire, révélant une carte de rides aux coins de ses yeux.

«Liam. Incroyable. Tu es encore plus grand que lui!»

Je lui serre la main, sentant mon coeur battre à tout rompre. Je suis arrivé le premier. Qui dit arrivé premier, dit premier choix. Et ce droit, je compte bien le prendre.

«Ravi de te revoir, Liam. Combien d'années...? Six, sept ans?»

«Huit, monsieur.» je fais poliment.

Huit ans. Je n'étais qu'un môme à l'époque. Mais je me souviens très bien du Professeur Birch.

«Huit ans... Incroyable. Tu es un homme maintenant! Je crois savoir que tu aspires à...»

Il ne termine pas sa phrase. Deux nouveaux pieds viennent de pénétrer dans le hall. De concert, nous nous retournons vers l'intrus.

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L’orage de la veille n’était pas passé inaperçu. J’avais passé la nuit entière à écouter la pluie torrentielle s’écouler dans les gouttières telles des rivières déchainées. Je n’étais pas vraiment du genre à m’en faire pour quelques goûtes d’eau, même que généralement, sa mélodie m’apaisait, mais cette nuit là, j’étais tout simplement incapable de fermer l’œil. L’orage était-il vraiment responsable de ma nuit blanche? Surement pas, mais le blâmer me rassurait. Tout pour éviter de penser à la journée qui m’attendait, cette journée décisive.

La nuit fût longue et difficile. Elle me parût une éternité, mais après plusieurs heures à me retourner dans mes draps en sueur, mon réveil finit par sonner. Cinq heures du matin. En général, j’aurais frappé sur l’objet violement afin de le faire taire, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, je l’aurais embrassé, ce maudit réveille-matin! Je me levai avec énergie, malgré les cernes apparentes sous mes yeux. Sans hésiter, je dévalai les escaliers comme si j’avais le feu au derrière. Une fois dans la cuisine, je me forçai à diminuer mon énergie. Mes parents m’attendaient déjà dans cette pièce autrefois pleine de joie. Ils s’efforçaient d’avoir un sourire au visage, même si je savais très bien que de la tristesse se cachait derrière leurs visages. Je ne pouvais m’empêcher de culpabiliser sous le regard exténué de ma mère. Elle en avait tant fait pour moi, et moi je l’abandonnais aux besognes de la vie afin d’aller suivre mes propres désirs égoïstes. Deux ans auparavant, je n’aurais pas hésité une seconde à franchir le cap de la porte, mais aujourd’hui, leur regard était difficile à lâcher. Pourtant, ma décision était prise, et, malgré leur fort désir de me garder à leurs côtés, moi, leur unique fille, ils avaient acceptés mon choix.

Je pris place à table afin d’avaler quelques céréales, mais mon estomac menaça de tout recracher. On ne peut jamais manger tranquillement avant de tels évènements. Je repoussai donc le bol et me contentai d’un petit vers de jus d’orange. Celui-ci passa mieux, et bientôt, je fût prête à partir. Mon père s’était arrangé avec un voisin pour que celui-ci me transporte jusqu’à Mauville, puis de là mon frère le plus âgé ferait le reste du chemin avec moi.

Cinq heures et demi, c’était l’heure. Avec un petit pincement au cœur, je serrai mes parents dans mes bras. De ne plus sentir leur présence à mes côtés me manquerait surement. Traverser le monde seule à la recherche de pouvoir m’effrayait un peu, mais je devais le faire, j’en avais besoin. Aujourd’hui, à Littleroot, se déroulait la dernière distribution de Pokémon par le professeur Birch. Je ne pouvais pas rater cette occasion. Mes parents me libérèrent de leurs étreintes et m’encouragèrent à sortir, où Alfred, le vieux voisin, m’attendait déjà dans son vieux camion qui menaçait de rendre l’âme.

Le trajet vers Mauville se fut en douceur. Aucun trafic, sans encombre. J’écoutai à peine les histoires du vieux temps d’Alfred. En un rien de temps, le vieux chauffeur me déposa devant l’appartement de mon frère Tyler. Ce dernier m’attendait déjà devant sa voiture. Contrairement à Antoine et Régis, Tyler avait déniché un emploi plutôt bien payant qui lui permettait de se payer des petits luxes que peu de monde ces temps-cis pouvaient se permettre. Ce dernier m’enlaça rapidement avant de m’inviter à monter en voiture. Tyler n’avais jamais été du type très bavard, et ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait le devenir.

Encore une fois, aucun inconvénient ne se plaça sur notre chemin. En peu de temps, je me retrouvai devant le laboratoire de Littleroot, ce laboratoire qui autrefois avait dû regorger de dresseurs. Aujourd’hui, ce vestige se tenait à peine debout dû au manque d’entretient. Tyler me fit un petit bisou sur la joue, me souhaita bonne chance, et avant que je ne me décide à me jeter dans la voiture et de repartir avec lui, il s’envola.

Je me retrouvai seule, le cœur battant, devant la bâtisse. Je pris une grande respiration, puis je me lançai. D’un pas déterminé, je franchis la porte. Il était enfin temps de choisir… Pourvu que mon choix soit encore disponible… Faites que Torchic n’ait pas été pris! Un dresseur se trouvait déjà aux côtés du professeur… Faites qu’il n’ait pas pris mon Torchic! Je senti tout à coup tous les regards se tourner vers moi, comme si j’étais un phénomène de cirque. Je croisai d’abord le regard du jeune homme en compagnie du professeur. Ce garçon était sublime! C’était ma chance de me faire un compagnon de voyage. Il avait l’air tout à fait acceptable comme garçon. Je lui adressai un petit sourire avant de me tourner vers l’homme qui détenait mon destin entre ses mains. C’était la première fois que je le voyais en vrai, mais il était comme je l’avais imaginé lors de notre conversation au téléphone.

Lorsque j’arrivai finalement à leur hauteur, je laissai sortir un petit « bonjour » qui semblait coincé dans ma gorge. Je tendis la main au professeur, qui l’attrapa avec énergie, malgré sa fatigue apparente. Après une courte conversation, le professeur nous invita à le suivre.

-Allez les jeunes, je vous ai assez embêté avec mes histoires, je sais très bien que vous êtes venu pour chercher vos Pokémon, alors je ne vous ferai pas plus attendre. Ces petits monstres ont assez attendu, eux aussi! s’exclama le professeur.

Le professeur nous conduisit dans une petite pièce assez entretenue, comparé au reste du bâtiment. Cette pièce était remplie de jouets et de machines. Au milieu se trouvait une petite table basse entourée de canapés qui avaient l’air plus que confortable. Sur la table se trouvait l’élément intéressant; trois petites Pokéball. Je les regardai avec fascination. Elles étaient toutes les trois encore là, je pourrai donc avoir mon Torchic! Bien entendu, comme ce garçon était bien élevé, il me laisserait le premier choix… Je lui jetai un petit regard suppliant afin de voir sa réaction.

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Une jeune fille frêle apparaît. Dans mon esprit, la plus grande des menaces. Je la considère en silence, bouillant d'impatience. Je serre les poings et nos regards se croisent. Le bleu de ses yeux brille d'une passion égale à la mienne. Aucun doute sur ses intentions, elle est là pour un Pokémon, possiblement pour mon Torchic. Je la suis du regard, le visage impénétrable, les pensées agitées. J'ai beau contrôler parfaitement mon corps et ses réactions, je ne puis me retenir de paniquer intérieurement. J'ignorais totalement qu'un autre dresseur de joindrait à moi pour ce choix. Alors qu'elle nous rejoint, je soupire. Il me faudra faire avec ce nouvel obstacle. Mais ce matin, j'ai quitté Dewford. Je ne repars pas d'ici sans avoir obtenu ce que je souhaite vraiment. Je n'ai pas laissé mon père derrière moi, et tout ce que j'ai pu aimer un jour avant que le monde entier ne me rende malade. Je respire un bon coup, reprenant lentement la possession de mes moyens. Du calme Liam. Rien ne sert de s'énerver.

Nous suivons le professeur jusque dans une pièce construite autant pour la recherche que pour le bien être des Pokémon. Je peux imaginer Treecko, Mudkip et Torchic s'amuser parmi ces jouets, profitant de leurs derniers moments d'enfance. Bientôt, deux d'entre eux quitteront ce laboratoire pour ne jamais revenir. Deux d'entre eux s'avanceront dans ce monde dangereux, sous ce ciel qui répand la mort, sur cette terre qui gronde, entourée d'eau qui menace chaque jour de l'engloutir. Mais ces deux grandiront et deviendront des champions. Peut-être même changeront-ils ce monde. Qui sait? Je m'approche de la table, devançant le professeur, devançant cette fille pour qui je ne ressens plus que indifférence. À quoi bon? Posée sur cette table, la Poké Ball de Torchic m'attend. Et je compte bien m'en saisir. Je me retourne vers la nouvelle dresseuse, qui me fixe avec intensité. Je sais très bien ce qu'elle attend de moi. La pauvre sera bien déçue. Moi qui m'était réfugié dans un mutisme profond jusqu'à présent ouvre enfin la bouche alors qu'un silence solennel s'installe entre nous trois.

«Je m'appelle Liam Damon. Je suis ici pour une raison, et une raison seule. Mon rêve est de devenir le meilleur dresseur de Pokémon de type Combat. Pour se faire, je dois absolument choisir Torchic.»

Je marque une pause pour m'approcher du professeur. Je pose une main sur son épaule, lui offrant un sourire désolé.

«En d'autres circonstances, monsieur, je me serais montré galant et aurait laissé le premier choix à la jolie demoiselle, mais aujourd'hui je me dois de demander mon droit. Premier arrivé, premier servi, n'est-ce pas?»

Le professeur m'observe longuement. Son expression, indéchiffrable, ne se trouble pas un seul moment tandis que ses iris d'un brun profond me parcourent. Comme s'il me jugeait digne. D'un coup, je sursaute. Monsieur Birch vient d'éclater de rire!

«Oh! Pourquoi si sérieux, Liam? Tu es bien le fils de ton père! Mais bien sûr! Je reconnais cette même détermination... Pardon, mademoiselle, mais ce garçon a en effet droit de choisir le premier.»

L'homme s'avance vers la table et s'empare d'une des balles bicolores sur la table. Il s'en saisit et me la remet.

«Torchic. Un Pokémon feu très puissant. Mais attention, le feu peu s'avérer difficile à gérer et contenir. Tu ferais mieux d'en prendre soin. Il attend depuis longtemps qu'un dresseur digne de lui s'en occupe. Et je crois qu'il l'a trouvé aujourd'hui.»

Ému, je ne peux empêcher de trembler des doigts. Le contact métallique de l'objet sous ma paume me fait frissonner. Torchic est mien. Je sens le rose me venir aux joues et mes yeux briller. D'un geste las mais nerveux, je laisse tomber la balle qui s'ouvre dans un éclair rouge. Devant mon regard ébahi, comme au ralenti, un Torchic apparaît. Grand. Fièrement dressé sur des pattes puissantes, terminées par des griffes acérées. Son petit bec s'ouvre dans un «Chiiiic?» curieux. Alors je me sens fondre. Je me perds dans ses prunelles sombres. Je l'aime déjà. Je l'aime déjà. Nous sommes une équipe, et il peut le sentir car il me rend mon regard avec la même intensité.

«Salut, Torchic. Je suis Liam. Si tu veux bien, je serai ton dresseur.»

Son piaillement heureux ne se fait pas attendre. Ses pattes le propulsent dans mes bras. Je recule de quelques pas, surpris par cet élan d'affection. Je le serre contre moi, sentant la chaleur de son corps à travers son duvet épais. Je prend cette réponse affectueuse comme un «oui». Le professeur rit de plus belle et je me joins à lui, sans même m'en rendre compte. Malgré moi, je sens mes yeux devenir humides. Plus de quatre ans que j'attends ce moment. Il se réalise dans toute sa perfection.

«Je vais te nommer Yzael, dans ce cas. Bienvenue dans l'équipe!»

Complètement absorbé par mon nouvel allié, je ne porte plus attention aux deux autres. Le professeur s'est dirigé vers la table pour en sortir les deux derniers Pokémon: Treecko et Mudkip. Aucun des deux ne vaut mon petit poussin de feu.

«À toi, jeune demoiselle. Je n'ai pu attraper ton nom, cependant...?» fait le professeur.

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Je restai bouche bée devant la réaction du jeune homme. Quel enfoiré ! Comment osait-il imposer son choix sans même me consulter ! C’était moi qui aurais dû choisir en premier ! Il n’avait pas le droit de me voler mon Torchic ! Je me tournai vers le professeur à la recherche de soutien, mais celui-ci se contenta de se placer derrière ce Liam, comme un lâche. Ce vieux grisou m’avait complètement abandonné.

La frustration s’empara de moi, et je ne pu m’empêcher de maudire le jeune homme intérieurement alors que celui-ci s’empara de la Pokéball du petit Pokémon de type feu. Je lui souhaitai de se faire brûler par le poussin lorsque celui-ci émergerait de la balle, mais rien de cela n’arriva. À la place, le Torchic qui apparut devant nos yeux sembla tomber en amour avec ton futur dresseur. Sous toute cette tendresse, je ne pu m’empêcher de fondre. Ces deux là étaient tout simplement adorables. Je tentai de camoufler un petit sourire en les observant. Ce garçon avait beau être un gros connard, son amour pour ce Torchic était véritablement honnête, et même si je voulais le Pokémon de type feu pour moi, je devais bien avouer qu’ils allaient bien ensemble.

Je soupirai un coup, puis, après avoir soupiré mon nom au professeur afin de répondre à sa question, je me tournai vers les deux nouveaux Pokémon que le professeur venait de laisser sortir. Deux Pokémon tout aussi adorables que le Torchic. Le premier qui attire mon attention est le petit Mudkip, qui reste sur la table, immobile, alors que son compagnon me fixe avec intérêt. Je m’approche du Pokémon de type eau afin de réveiller son intérêt, mais ce dernier continue à fixer le vide. Normalement, je l’aurais laissé sur la table et je me serais emparer du Treeko, qui semblait beaucoup plus éveillé, qui aurait probablement fait un bien meilleur Pokémon, mais quelque chose m’attirait chez ce petit monstre. Son regard vide m’interpellait, va savoir pourquoi.

J’approchai mes mains du Mudkip avant de le ramasser. Je pris le petit être pour le coller contre ma poitrine, comme un petit chaton. Le Pokémon se décida enfin à croiser mon regard. Je pu enfin m’imprégner de son regard. Il était doux. Doux, mais pas aussi vide que je croyais. Je devinais que ce regard se transformerait une fois sur le terrain. Mon choix était fait. Je me retournai vers le professeur afin de lui annoncer mon choix final.

-Professeur Birch, je vous présente mon Pokémon, Jayden ! fis-je avec entrain.

Jayden poussa un petit ‘’Muuuuuudkip !’’ vide de toute émotion, qui me fit éclater de rire. Le professeur Birch me regarda, un drôle d’air au visage.

-Mudkip ? Je veux dire… Tu es sûre ? Enfin, tu devrais peut-être réfléchir encore un petit peu, non ? s’échappa le professeur.

Il semblait que même celui qui avait mit au monde mon Pokémon doutait de lui, mais moi j’avais confiance. Une chose que j’avais appris à la pension, c’était que quand on avait une intuition quant à un Pokémon, il ne fallait pas l’ignorer, peu importe les raisons. Mon Pokémon n’avait peut-être pas l’air d’un guerrier, mais j’étais convaincue qu’il se cachait une grande puissance au plus profond de son petit corps. Je fis un petit bisous sur la tête de Jayden avant de le serrer dans ma poitrine. Je jetai un nouveau regard à Liam et son Torchic. Finalement, ce Torchic n’était pas si beau que ça… Un peu terne, peut-être ? Et son cri était loin d’être aussi adorable que celui de mon Mudkip… J’aurais vraiment aimé un Torchic, tout de même…

-Pardon professeur, fis-je en me retournant vers lui, connaissez-vous les auberges dans le coin ? J’étais venu à Littleroot il y a des années, mais j’ai appris que l’auberge où j’avais séjournée a brûlée, du coup, je ne sais pas où je passerai la nuit… J’avais l’espoir que vous pourriez peut-être m’éclairer ?

Le professeur m’invita à le rejoindre près d’une carte, où il m’indiqua l’emplacement d’une petit auberge, la dernière encore ouverte du village.

-Je vous conseille de vous dépêcher à aller vous enregistrer, jeunes gens, car les places ne sont pas nombreuses. Vous devriez vraiment y faire un tour avant toute chose aujourd’hui, tous les deux.

Avec l’orage de la veille qui menaçait toujours le ciel, il était effectivement plus sage de faire un tour à cette auberge avant d’aller visiter le village. Le professeur se pressa de nous remettre l’équipement habituel des nouveaux dresseurs, soit six Pokéball et un Pokédex. Ce n’était pas le dernier model, mais il proposait toutes les fonctions nécessaires, soit un GPS, une application de communication, et surtout, une encyclopédie complète sur les Pokémon de la région. Nous étions enfin prêts à partir.

Je remerciai le professeur Birch encore une fois, puis je sortis du laboratoire. Le soleil perçait entre deux nuages gris. Jayden toujours à mes côtés, je me mis à marcher en direction de l’auberge que m’avait indiqué le professeur. Je marchai d’un bon pas, Jayden avait de la difficulté à suivre, et ne cessait de s’enfarger dans sa petite queue. Tout à coup, je sentis une présence derrière moi… J’avais toujours cru que Littleroot était un village sécuritaire, mais depuis le cataclysme… Je me mis à accélérer le pas, mais la présence se rapprochait de plus en plus. Je pris une grande respiration, puis je me retournai d’un bond.

-Qu’est-ce que tu me veux espèce de…

Je m’arrêtai brusquement en voyant qu’il s’agissait de Liam, le jeune homme du laboratoire. Je ne l’avais pas vu me suivre, lorsque j’avais remercié le professeur. J’avais cru qu’il était resté pour discuter un peu. Je l’observai quelques secondes, puis je me remis en marche. Honnêtement, je n’avais vraiment pas envi de voyager avec ce mec. Je n’avais pas l’intention de l’inviter à marcher avec moi, et il faisait mieux de choisir une chambre loin de la mienne à l’auberge. Le lendemain, je partirai avant le levé du soleil pour m’assurer de ne plus jamais le croiser.

Admin Messages : 295 Date d'inscription : 26/07/2010

Je flotte dans une transe épaisse. Derrière mes yeux, pourtant bien ouverts, une myriades d'images explose. Des rêves qui viennent me caresser, tout entier. Mon sourire me brûle le visage et mes mains tremblent en tenant le petit Torchic contre ma poitrine. Je n'ai jamais vécu de moment plus parfait. Alors que mon bonheur menace de me faire tituber, un souvenir revient me hanter. Le sourire de ma mère. Elle serait fière de moi, à n'en pas douter. Elle m'a toujours soutenu dans ma démarche, même si je l'épuisais souvent avec mes ambitions plus grandes que nature. Je me souviens de son regard amusé alors que je lui racontais mon plan. Mon plan. Inscrit au plus profond de moi, comme une ligne directive dont je ne pourrais me détacher. Impossible. Tout cela est trop important. Tout cela signifie trop pour moi. Ce petit être qui laisse sa tête aller contre moi sait-il seulement dans quel chemin de gloire il vient de s'embarquer? J'ai envie de hurler. De faire la fête. Depuis combien de temps n'ai-je pas relâché un peu de lest, depuis combien de temps ne me suis-je pas réellement amusé? Depuis Mareeka, probablement... Je ne me laisse pas penser à elle. Yzael est mien à présent.

Dire que j'ai failli le manquer. Cette fille est arrivée tout de suite après moi. Je l'ai senti à son regard. Elle voulait ce Pokémon pour elle. J'ai eu chaud. Qu'aurais-je fait si jamais Torchic allait à un autre? Ce trio est le dernier de tous. Nous sommes les derniers dresseurs. Je n'aurais plus une chance comme celle-ci. J'imagine que j'aurais choisi Treecko, le petit lézard de type Plante. Il est plutôt cool. Je l'observe en silence et ses yeux se fixent sur moi un moment. C'est une petite bête intelligente. Mais ce n'est pas le type Combat de mes rêves. Blaziken si. À ma plus grande surprise, la fille choisit Mudkip, ce truc informe qui reste figé tout près du reptile. Vraiment? Elle choisit CETTE CHOSE? J'hausse les épaules pour moi-même. Je ne pourrais être plus indifférent à cette Alysée. J'ai mon Torchic et mon monde tourne autour de lui, à présent. Je m'apprêtes à partir quand j'entends mentionner une auberge. Je m'approche de la table à mon tour. La seule du coin, hein? Je note l'emplacement mentalement avant de remercier chaudement le professeur.

«Tenez-moi au courant de vos progrès vous deux. Vous êtes mes derniers dresseurs après tout.»

Je le quitte à regret. J'aurais bien aimé en savoir plus sur ce qu'il peut vivre, comme professeur sur cette foutue région en perdition totale. J'avoue qu'une part de moi est tentée de quitter Hoenn maintenant que j'ai obtenu ce que je souhaite. Mais une part de moi est accrochée à ce lieu. Mon père, surtout. Son Arène, que je veux reprendre, un jour. Une chose est certaine, j'ai d'autres Pokémon de type Combat à découvrir avant de prendre sa position. Mais un jour, un jour. Je me glisse, en compagnie d'Yzael, sur le chemin de cette fameuse auberge. Je ne me presse pas, contrairement à Alysée, que je perds de vue rapidement. J'ai trop longtemps souhaité que ces années disparaissent rapidement. Plus maintenant. J'ai fini de faire passer le temps. Je veux simplement profiter de mon temps avec Yzael.

«Alors Yzael... tu es pas mal énergique!»

La petite boule de plumes sautille dans tous les sens, curieux et enjoué. Je souris. Il est encore un peu jeune, même si des signes qui ne mentent pas prouvent de sa maturité pour un Pokémon offert en starter. Ses pattes frôlent le sol avec une grande dextérité. La plupart des membres de son espèce sont plutôt maladroits, surtout plus jeunes. Pas lui. Il avance sans peur. Sa crête aussi. Très haute, touffue et colorée. Je dirais même que Yzael n'est plus très loin d'évoluer. Cela est probablement dû au fait que si peu de dresseurs viennent chercher des Pokémon du professeur Birch à présent. Le pauvre a du rester avec lui pendant bien longtemps. Ce doit être le cas de Jayden, le Mudkip de cette jeune fille. Je réalise que malgré mon excitation, j'ai mémorisé le nom de cette affreuse boule visqueuse bleue.

«Ce soir, nous nous entraînerons un peu. En espérant qu'il ne pleuve pas trop. J'ai envie de voir ce que tu as dans le ventre!»

Sur ce, le poussin se retourne vers moi, ses sourcils froncés par la détermination. Une lueur de malice brille au fond de son regard, ce qui me fait rire. Il est aussi passionné que moi, ce petit. Nous marchons si vite, malgré nous, que bientôt nous rejoignons Alysée. Elle sursaute en me voyant approcher et semble inquiète en se retournant. Son expression ne dément pas. Elle n'est pas très heureuse de me voir. Son attitude me crispe aussitôt et je me surprends à sentir un frisson désagréable me parcourir. Yzael doit le sentir parce qu'il s'avance, comme pour menacer la jeune fille.

«Tout doux!»

J'ignore à qui Alyzée ou Yzael ce message est adressé. Avant que je ne puisse enchaîner une excuse pour lui avoir fait peur, une pluie fine mais désagréable se met à tomber sur nous. Yzael se met à piaffer de mécontentement et j'empresse de le ramener à sa Poké Ball, bien qu'à contre-coeur. Dans un même pas, nous nous mettons à courir, Alyzée et moi, vers l'auberge. Nous savons bien ce que cette petite averse signifie. Bientôt, c'est un orage qui nous tombera sur la tête. Nous sommes à l'auberge en moins de dix minutes, mais nous sommes trempés. Nous arrivons en même temps à l'administration. Quelques mots échangés et le maître d'hôtel nous annonce avec regret:

«Je suis désolé, il ne me reste plus qu'une chambre... Si vous la voulez, vous devrez partager.»

Je remercie le monsieur et paie la totalité de la facture avant de me retourner vers Alyzée.

«Tu prendras le lit.»

Pas question de laisser une fille dormir dehors. Et pas question de dormir sous une tente dans cet orage.

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Les mots du maître d’hôtel me rentrent par une oreille et me sortent par l’autre. Comment ça, une seule chambre ? Comment ça, partager ? Il était hors de question que je partage mon lit avec… un garçon ! S’il y avait bien une valeur que mes parents m’avaient appris, c’était que je ne devais rien faire avec un garçon avant le mariage, alors de partager mon lit, JAMAIS ! Je n’étais pas religieuse, mais j’avais tout de même mes valeurs ! Et puis je ne connaissais absolument rien de ce type. Quelques instants plus tôt, il m’avait arraché ce Torchic sans même en discuter, et maintenant il était prêt à me payer la chambre… Ce mec était louche, et je me doutais qu’il ne m’offrait pas la chambre pour mes beaux yeux… Il avait surement d’autres plans… Ce Liam semblait plus âgé et plus fort que moi, s’il décidait de me sauter dessus, il n’aurait aucune difficulté à le faire… Il dégageait la perversion à plein nez. Il n’était pas question que je me retrouve à sa merci.

-Je préfèrerais mourir que de partager ma chambre avec toi ! fis-je d’un air mauvais.

Sur ces mots, je fis demi-tour afin de me diriger vers la porte de sortie. J’ouvris la porte à la volée, mais je restai figée devant la scène devant moi. Comment était-ce possible ? Certes, il pleuvait lorsque nous sommes entré dans l’auberge, mais ce qui se trouvait devant moi n’était pas du tout comparable à de la pluie. On aurait dit qu’une chute d’eau glaciale se déversait sur la ville. Toujours figée sur place, je laissai la porte se refermer. Sans dire un mot, je me retournai vers les deux hommes qui me fixaient à présent. Je m’approchai du maître d’auberge, et toujours sans dire un mot, j’attrapai la dernière clé, qu’il tenait fermement. Je me dirigeai vers l’escalier qui menait à notre chambre.

-Je te jure que si tu m’approche, tu auras affaire à moi, lâchai-je en direction de Liam avant de monter les quelques marches qui me séparaient de notre étage.

L’auberge n’était pas très luxueuse. La peinture était défraichie, et ça sentait un peu le moisi, mais c’était mieux que d’affronter la tempête. Je m’arrêtai devant une porte portant le numéro 23. Alors c’était elle, notre chambre… J’ouvris la porte sans difficulté pour découvrir une petite pièce qui semblait dater des années 60. Une tapisserie fleurie recouvrait les murs, et s’agençait parfaitement avec le couvre-lit qui portait le même motif. Je me dirigeai vers le lit afin d’y poser Jayden, qui était resté dans mes bras tout le long. Le petit Mudkip se pressa vers l’unique fenêtre de la pièce afin d’observer la pluie s’écouler contre la vitre. En voilà un qui aurait sûrement apprécié de passer la nuit dehors ! Je l’observai lécher la fenêtre avec intérêt. Honnêtement, à le regarder agir ainsi, j’en venais à douter de mon choix… Peut-être que Treeko aurait été un meilleur partenaire ? Je fus sortie de mes pensées par Liam qui entra à son tour dans la chambre. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire ? Nous n’étions encore qu’en après midi, et il pleuvait à torrent dehors. Impossible de m’échapper. Je soupirai un coup, puis je m’évadai vers la salle de bain. J’étais congelée à cause de toute cette pluie.

-On dirait que la serrure est brisée, alors je te déconseille fortement de jouer les petits malins et rentrer.

J’agrippai Jayden et l’emmenai avec moi, sans même lui demander son avis. De toute manière, ce Pokémon était si vide d’esprit qu’il se contenta de laisser sortir un petit ‘’Muuuuuuud’’ en se laissant transporter. Je claquai la porte fermement, puis je me mis à me déshabiller sans gêne, malgré le regard intense que me lançait mon Pokémon. En fait, il regardait probablement plus le jet d’eau qui coulait du robinet de la baignoire plutôt que mon corps nu.

Lorsque l’eau eut finir de remplir la baignoire, je me laisser glisser à l’intérieur. Le contact de ma peau avec l’eau chaude était sublime. Tous les tracas de ma journée disparurent instantanément. Jayden se laissa flotter sur le dos, il semblait heureux comme un poisson dans l’eau. Il donnait quelques coups de nageoires puissants de temps en temps. Il devait être un excellant nageur, avec une telle force !

Je laissai une vingtaine de minutes s’écouler, puis je me résignai à sortir. Je parcourus la salle de bain des yeux à la recherche d’une serviette. Rien derrière la porte, rien sur les comptoirs… Les tiroirs aussi étaient complètement vides… Seigneur… Et comme une imbécile, j’avais oublié mes vêtements de rechange dans l’autre pièce… Je tentai de remettre mes vêtements mouillés, mais ceux-ci étaient encore bien trop humides. Si je les remettais, alors se bain chaud n’aurait servi à rien. Je n’avais d’autres choix que de demander à Liam de me donner des vêtements… Oh seigneur ! Il allait toucher à mes sous-vêtements ! Quelle horreur ! Si ça se trouvait, ce pervers était déjà en train de renifler mes petites culottes ! Cette vision d’horreur me terrifia au plus haut point ! Je pris une grande respiration, puis je me saisie de la poignée de porte. Doucement, je me mis à tourner la poignée… Mais qu’est-ce que… ? Bon dieu de bon dieu, elle était coincée ! Je me mis à tourner la poignée frénétiquement, mais celle-ci tournait dans le beurre. Oh non, j’avais dû la briser en la claquant aussi fort ! Mais quelle conne !

-Liam ! Liam sort-moi d’ici ! S’il-te -plais ! Je te jure que je ne t’en voudrai plus !

J’attrapai ma pile de vêtements humides afin de cacher mon corps complètement nu. Aller, Liam, sort-moi d’ici !

Admin Messages : 295 Date d'inscription : 26/07/2010

Cette Alysée est une vraie...
Je vais m'arrêter ici. J'ai connu des filles comme celle-là. Elles se font toutes sortes de petits scénarios à la con et vous font passer pour le pire des salauds. Ces petites hypocrites je ne les supporte pas. Je sens déjà mon sang bouillir dans mes veines alors qu'elle scande qu'elle préférait mourir que de partager sa chambre avec moi. Non mais! Quel culot! J'ai payé en entier et lui propose le lit et elle me traite comme de la charogne! Ces parents ne lui ont pas appris à dire merci ou quoi? Mon poignet me démange alors que ma main parcoure par réflexe ma ceinture. Un coup de Ember en pleine figure, elle aimerait, vous pensez? J'échange un regard avec le maître d'hôtel qui semble complètement confus. La jeune fille passe entre nous et se dirige vers la porte. J'ai envie de crier à sa suite: BON DÉBARRAS! Je me retourne, en secouant la tête. Non mais, je rêve! Je me dirige donc vers l'escalier, mais elle me dépasse et ajoute que si je la touchais, je le regretterais. Je ne peux m'empêcher de grimacer de dégoût.

«Vraiment, c'est la DERNIÈRE chose dont j'ai envie, CROIS-MOI!»

J'aurais pu être bien plus méchant et plusieurs paroles acerbes flottent dans mon esprit, mais je m'abstiens, car je suis tout de même un gentleman. La chambre n'est pas très belle, mais semble confortable. Il y a même un sofa dans un coin qui pourra me servir pour dormir cette nuit. Parfait. Un vieux sofa peut très bien faire l'affaire. Une fois dans la pièce, je m'empresse de faire sortir Yzael qui pépille de joie en me voyant. Je le pose sur le canapé et me défais mes affaires. Jayden le Mudkip observe la pluie avec beaucoup d'admiration. Celui-là aurait aimé passer la nuit dehors, mais ce n'est pas le cas du Torchic qui se réfugie près de moi une fois je m'assois sur un coussin. Je lui caresse la tête et fais bien attention de ne pas le toucher de mes vêtements trempés. Je lui murmure des paroles rassurantes et son contact me fait presque oublier Alysée qui me remémore amèrement de sa présence. Je lève les yeux au ciel devant son avertissement stupide. Cette fille a vraiment besoin d'attention si elle pense que mon seul but est de la voir toute nue, franchement.

«Les filles, je te dis, Yzael, sont un paquet de problèmes. Vaut mieux s'en passer!»

Le souvenir douloureux de Mareeka, mon ex, revient me hanter. Je me force une nouvelle fois à écarter ses images de mon esprit. J'ai fort à faire. Je me déshabille avant de me frotter vigoureusement avec une serviette enfouie au fond de mon sac et miraculeusement sèche. J'enfile un nouveau T-shirt et des shorts dont le confort peut s'apparenter à celui d'un pyjama. Il fera donc pour la nuit. Je pique la couverture de rechange dans le garde-robe ainsi qu'un oreiller du lit pour me construire un lit de fortune sur le canapé. Puis un son tout près attire mon attention. C'est cette pauvre Alysée qui n'arrive pas à ouvrir la porte! Je ricane dans ma barbe jusqu'à ce que sa voix suppliante me parvienne. Elle veut que je l'aide, vraiment? Je soupire.

«J'arrive. Éloigne-toi de la porte et couvre-toi.»

Encore une fois, je n'ai pas bien envie de la voir nue. D'autant plus qu'en me dirigeant vers la porte, je remarque sa pile de vêtements propres, toujours posés sur le lit. Pas surprenant avec elle... D'un bon coup d'épaule, je décoince la porte. Je la referme et la laisse entrouverte.

«Voilà, attends une minute, je t'envoies Yzael.»

Je pose la pile de vêtement sur sa tête et lui demande de livrer ce colis spécial à la princesse de la salle de bain. Dire que j'avais imaginé ma soirée bien autrement... En s'entraînant, tous les deux. Seuls. Ehh. Le Torchic revient en sautillant et je reviens vers le canapé où je m'assois. Bientôt, Alysée sort de la salle de bain et je lui offre un regard moqueur presque condescendant.

«Maintenant que je t'ai prouvé que je ne suis pas un vieux pervers, tu peux commencer à me considérer autrement.»

Je me lève, me détestant de faire la paix avec elle, mais je n'y peux rien. Bien m'entendre avec les gens fait partie de ma nature.

«Je m'appelle Liam Damon, le fils de Brawly Damon, Gym Leader de l'île de Dewford. Mon but ici est de devenir le meilleur dresseur de types Combat qui soit, pas d'agresser la première jeune fille que je rencontre. Compris?»

Avec un soupir, je m'étends sur le sofa. Si elle veut bouder, c'est son problème, mais je tenais tout de même à lui pointer le ridicule de sa pensée. Comme pour appuyer mes paroles, Yzael se hisse sur mon ventre pour venir me picorer le nez affectueusement, ce qui me fait rire.

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